J'avais tout misé sur l'Académie Newell. Je n'arrêtais pas d'en parler à longueur de temps au lycée et je voyais bien l'ennui qui se lisait sur le visage de mes camarades. On approchait la fin d'année et nos voeux étaient enfin validés. Les miens ? Devenir Defenders. Oui, j'avais cette ambition depuis maintenant trois ans et je n'en démordais toujours pas. Sauf que le doute s'était installé en moi. Je voyais tous mes camarades partir pour l'université et aucun d'entre eux ne semblaient attirés par l'idée de devenir soldat de l'humanité.

Pourtant c'était cool d'être Defenders non ? Remettre de l'ordre dans le bidonville, se balader avec fierté dans les rues de New York avec cette insigne sur le torse. Moi ça me disait bien, ça me parlait bien. Sauf qu'il y avait ce maudit concours d'entrée. Alors oui, la plupart des Defenders qui intégraient l'Académie étaient plus âgés qu'un gosse de 17 ans. Je le concevais ... mais j'y croyais. Je pensais vraiment que j'avais ma place là bas.

J'avais envoyé un message à Camille pour qu'elle vienne à la maison en discuter. J'avais besoin de son avis éclairé, même si on était plus ensemble depuis nos 15 ans, on était resté très proches. Comme de bons vieux potes. Je savais qu'elle avait candidaté pour l'université de médecine et que son dossier avait été accepté. L'année prochaine, nos chemins se sépareront ... ça me faisait bizarre.

Lorsque la sonnette retentie, je descendis les marches de l'escalier à toute vitesse et j'ouvris la porte avant que ma mère ne le fasse. Elle se tenait sur le palier, et un large sourire éclaira mon visage.

- Camille !

Je la pris dans mes bras, la serrant fort, puis l'invita à entrer. J'étais très tactile et ça depuis toujours. Un peu nerveux, je lui indiquais l'endroit où elle pouvait déposer ses affaires.

Je regardais sur le bureau de ma chambre le dossier à remplir pour la faculté de médecine. J'hésitais encore, assise sur mon lit, un coussin plaqué dans mes bras. J'avais longtemps discuté avec mes parents sur ce projet et eux semblaient emballés. Ils connaissaient mes résultats scolaires, mes compétences et mon humanité. Alors pourquoi autant hésiter ? J'avais toutes les capacités pour y arriver. Mais les études de médecine c'était également un sacrifice énorme pour sa jeunesse. J'avais envie de vivre un tas de choses et je savais aussi que je devais faire le deuil de mes amis.

En observant mon téléphone, une larme vint se porter au bord de mes yeux lorsque je vis le message de Lucas. Il me demandait de le rejoindre chez lui pour discuter. Je savais très bien de quoi il voulait parler. En cette fin d'année de Lycée, on était tous les deux épris par le doute. Dans quelle direction aller ? Nos chemins allaient forcément se séparer et j'avais peur de l'avenir. Peur d'être désorientée.

Parce que même si je ne sortais plus avec lui, il restait l'un de mes meilleurs amis. Il quittait son petit nid douillet pour entrer à l'Académie Newell. Il n'arrêtait pas de parler de ça depuis des années et je savais que l'envie de devenir Defenders l'obsédait. Alors oui, je pouvais le soutenir dans cette voie, mais j'aurai préféré qu'il fasse des études avant; qu'il m'accompagne à l'université.

Je soupirais avant de prendre mes affaires, délaissant le dossier de la fac sur mon bureau.Pendant tout le trajet en direction de la maison de Lucas, je ne cessais de penser à ma vie futur, celle d'une étudiante en médecine qui travaillerait dur et des heures à la bibliothèque. Une boule se forma au fond de mon estomac. Quand j'arrivais enfin à destination, Lucas me sauta dans les bras. Surprise, je lui souriais bêtement, oubliant toujours son énergie débordante.

- Salut Lucas.

Il me montra où poser mes affaires et nous prîmes place dans le salon. Je saluais sa mère d'un petit geste de la main, puis attrapa un verre d'eau qui se trouvait sur la table basse. Assise en tailleur sur le canapé confortable, je souriais à Lucas. Au fil des années, je le trouvais de plus en plus beau et je me demandais bien ce qu'on avait fait pour arrêter notre relation. Mais je l'aimais aussi en tant qu'ami.

- Alors tu as rempli tes formulaires d'inscription ? Moi j'hésite encore ... je sais que c'est stupide, mais je n'arrive pas à me dire si c'est la bonne solution ou pas. Pourtant, médecine c'est pour moi une évidence. Alors pourquoi cette hésitation ? Je ne sais pas ... et toi ? Prêt à passer le concours de l'Académie ?

C'était bien de ça dont il voulait parler non ? Je le considérais d'un air curieux, puis attrapa un cousin que je calais contre moi. J'aimais me sentir enveloppée d'un cocon, me sentir chez moi. Et chez Lucas, je me sentais toujours bien.