Il était revenu à Alticio depuis plusieurs semaines maintenant et pourtant tout lui semblait différent. Tyler avait du mal à garder le sourire. Il se sentait autant perdu dans sa tête que dans la ville. Pourtant sa sœur était à ses côtés en permanence, gardant un œil sur lui, pour ne pas qu’il flanche, pour ne pas qu’il replonge dans la dépression. Mais au lieu de se sentir en sécurité, Tyler avait l’impression d’être observé et il suffoquait.

Il se redressa sur ses coudes, observant sa chambre d’un œil à moitié réveillé. Elle était sobre, impersonnelle et il ne se rappelait pas d’avoir dormi dans ces lieux. Sa mémoire lui faisait défaut, encore et encore. En se levant, il grimaça. Sa tête le lancinait si fort, qu’il attrapa un verre d’eau et une aspirine pour faire passer la douleur. Il entra dans la cuisine ouverte sur un petit salon où se tenait sa sœur, affalée dans un canapé. Elle dormait à poings fermés. Tyler ne sourit pas. Il gratta ses fesses, attrapa une pomme et observa attentivement le décor qui l’entourait. Il n’était pas chez lui, mais chez elle.

Pourquoi le gardait-elle prisonnier ? Il n’en savait rien. Mais c’était le moment idéal pour sortir tout seul, sans l’avoir sur le dos. Tyler ne pouvait pas repousser sa sœur, c’était la seule personne qui avait bien voulu l’accompagner jusqu’à Alticio. Du moins, dans ses souvenirs. Il retourna dans sa chambre pour enfiler un jeans par dessus son caleçon, puis un t-shirt et enfin une grosse veste chaude. Dehors la température était de -15 degré et la lune était grosse dans le ciel. En poussa la porte vers les ruelles pavées d’Alticio, Tyler inspira l’air comme une délivrance.

Il plongea ses mains froides dans ses poches, puis avança dans les rues jusqu’à la place du marché. Là se tenait plusieurs étales et des commerçants de fruits et légumes. Il parcourut les étales du regard, son ventre grognait d’appétit. Le jeune homme avait l’impression de ne pas avoir mangé à sa faim depuis des semaines. Fouillant dans ses poches, il remarqua avec dépit qu’il n’avait pas d’argent pour payer les quelques baies qu’il venait de prendre en main. Son cœur battait la chamade. Il n’avait pas d’autre choix que de les chaparder et de quitter le marché à toutes jambes. Quand le commerçant le remarqua, il cria « AU VOLEUR ! », mais Tyler était déjà parti en courant, bousculant quelques passants sur son passage. Il bifurqua derrière un gros bâtiment, puis se cala dans un coin pour manger à l’affut des regards, ces baies bleues curieusement délicieuses.

Quand soudain, quelqu’un vint à sa rencontre …